Bruno ROBBES
Enseignant, prépare une thèse
sur l’autorité des enseignants à Paris
X -Nanterre (prof : Jacques Pain).
C’est une question qui revient en
ce moment, un peu plus d’une trentaine d’années
après 68.
C’est une question complexe, chacun ayant sa propre
définition de l’autorité.
A la télévision (Pensionnat de Chavagnes,
Star Academy), on nous donne à voir une image
de l’autorité qui fonctionnerait.
A l’Education nationale, F. Fillon introduit les
punitions collectives et le travail supplémentaire
comme punition.
Relations enseignants / parents :
Différentes logiques :
- logique de défiance ;
- logique de dépendance ;
- logique de complémentarité.
Ce qu’est l’autorité :
Etymologie : l’autorité n’est pas un
phénomène naturel. C’est un phénomène
psychologique et social qui est au fondement de toute
relation humaine.
(Cf. MARCELLI (D.), L’enfant chef de la famille.
L’autorité de l’infantile, Paris, Albin Michel,
2003).
On ne peut pas se passer de l’autorité, mais
on ne peut pas non plus revenir à des temps où
l’autorité était confondue avec le pouvoir.
On nous dit que le retour à cette autorité
fonctionnerait, mais ça ne marche pas. Il ne
s’agit pas là en fait d’autorité mais
d’autoritaire, d’autoritarisme.
Trois sens à l’autorité :
C’est le pouvoir
dont sont investies certaines personnes dans le cadre
de leur fonction, de leur statut. C’est de l’ordre de
l’état de fait. Cette autorité (potestas)
est nécessaire mais pas suffisante.
L’autorité
de l’auteur (auctor) qui autorise : avoir cette confiance
suffisante en soi pour accepter d’être remis en
cause par l’autre. Cette estime de soi se construit
tout au long de la vie, et dès la petite enfance.
Le terme autorité
se rattache aussi à la racine augere (faire croître,
augmenter l’autre). En ce sens, l’autorité est
donc synonyme d’éducation.
Des capacités,
des compétences, des savoirs toujours contextualisés,
à mettre en œuvre dans l’action quotidienne.
Ce qui va
marcher à un moment ne va peut-être pas
marcher à un autre moment.
L’autorité
c’est une relation statutairement asymétrique
: il y a un adulte, un enfant avec des statuts différents.
Dans cette
relation, l’auteur dispose de savoirs qu’il va mettre
en action dans un contexte particulier et va exercer
une influence sur l’autre sans avoir recours à
la contrainte physique (différent du pouvoir).
Au départ
il y a une asymétrie, puis une symétrie
: discussion, négociation pour qu’il y ait de
la reconnaissance : processus de légitimation.
Les trois logiques :
Dans le discours
des enseignants : les parents n’arrivent plus à
poser leur autorité, " je n’y arrive plus
" disent-ils aux enseignants. C’est l’enfant qui
décide : confusion des places générationnelles.
C’est l’enfant qui fait la loi aux parents et parfois
même aux enseignants.
Il faut donc
que la place de chacun soit définie dans le respect
mutuel et la réciprocité.
Du côté
des parents : ils demandent que les enseignants
fassent plus dans l’éducatif, disent que l’enseignant
est injuste et qu’il utilise son pouvoir.
Ils voient
parfois les enseignants comme des concurrents dans l’éducation
qu’ils transmettent : par exemple quand un élève
accepte d’obéir à l’enseignant mais refuse
d’obéir à son parent.
Il est essentiel
de se reporter aux rôles et aux missions de chacun,
même si les missions et les rôles ne suffisent
pas. Il y a des savoir-faire, d’où l’importance
de la relation, de la communication.
Les enseignants
: leur autorité devant les élèves
dépend de la conception que se font les parents
de l’école, de la fonction enseignante, de l’autorité
(par exemple un parent qui contredit un enseignant devant
sa classe, ou un enseignant qui dit du mal d’un parent
à un élève).
Dans certains
cas, l’enseignant doit d’abord faire autorité
auprès des parents pour pouvoir faire autorité
auprès des enfants.
Les enseignants
ont une attitude défensive, l’impression d’être
remis en cause. Ils demandent du respect.
Il y a la
même demande chez les parents.
- Logique
de complémentarité
Certains enseignants
donnent des conseils aux parents, et l’inverse. On empiète
parfois sur les prérogatives éducatives
des parents.
Il faut que
ce soit dans la réciprocité, à
condition que les droits et les devoirs de chacun soient
respectés. Se référer aux textes
et aux lois.
La fonction
éducative de sécurité et de protection
relève des parents si on regarde le code civil.
Ce n’est pas pour ça que les enseignants ne doivent
pas reprendre à leur compte aussi cette fonction.
On peut développer
une logique de coéducation.
Articles publiés par Bruno ROBBES sur
la question de l’autorité :
ROBBES (B.), " Se défaire de l’autoritaire
", in Cahiers pédagogiques, n° 426,
septembre-octobre 2004, p. 20-21.
ROBBES (B.), " Du côté de la pédagogie
institutionnelle ", in Cahiers pédagogiques,
n° 426, septembre-octobre 2004, p. 25-26.
ROBBES (B.), " L’autorité après
la circulaire " Fillon " : question de sens
et de faire ", in site du CRAP Cahiers pédagogiques
(www.cahiers-pedagogiques.com), 11 novembre 2004, 5
pages.
Ouvrages :
PAIN (J.) (sous la direction de), groupe des Marleines,
De la pédagogie institutionnelle à la
formation des maîtres, Vigneux, Matrice, 1994.
HEVELINE (E.), ROBBES (B.), Démarrer une classe
en pédagogie institutionnelle, Paris, Hatier,
2000.
CASANOVA (R.) (dir.), CELLIER (H.), ROBBES (B.),
Situations violentes à l’école : Comprendre
et agir, Paris, Hachette Education, 2005 (à paraître
en juillet).
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